jeudi 17 juillet 2008

L'enfant


Elle : je n’aurais jamais d’enfant
Lui : ne raconte pas de conneries
Elle : ce ne sont pas des conneries. Je n’aurais pas d’enfant…
Lui : tu es encore jeune… et puis la médecine aujourd’hui…
Elle : je n’ai pas leur père
Lui : tssss… tu le rencontreras…
Elle : peut être oui mais je n’aurai pas d’enfant avec lui
Lui : de quoi parles tu ? Je ne comprends pas
Elle : si je lui donne un enfant il me délaissera
Lui : …
Elle : tu voies tu ne dis rien. J’ai raison…
Lui : je ne trouve rien à dire à une telle bêtise…
Elle : je suis trop égoïste
Lui : ?
Elle : je suis exclusive, passionnée… je veux voyager, vivre, partir… un enfant t’empêche de faire tout ça
Lui : devenir parent est un sentiment qui efface tout ça… tu ne peux pas comprendre… tu ne sais pas…
Elle : de ?
Lui : ce que c’est que d’être parent cet amour immense… ce bouleversement…
Elle : je ne veux pas savoir. C’est mon corps j’en fais ce que je veux… je veux vivre pour moi…
Lui : ce que tu dis est égoïste !
Elle : c’est ce que je me tue à te dire… ?? !!
Lui : être parent c’est… attendre un enfant, être mère…
Elle : tu es un homme tu ne sais rien
Lui : je sais que ça change une vie
Elle : j’aime ma vie telle qu’elle est
Lui : elle est vide
Elle : tu es méchant
Lui : réaliste
Elle : que comprends tu à ce que je ressens ?
Lui : rien… je ne peux accepter ce genre de raisonnement c’est puéril, idiot…
Elle : c’est ma vie…
Lui : tu t’obstines tu ne peux pas comprendre…
Elle : quoi ?
Lui : rien… tout… tu ne peux pas comprendre tu n’as pas d’enfant… !????!!!!!

(…)

vendredi 11 juillet 2008

Elle est un ange…


… un ange blond, calme. Comme résignée. Si belle, si douce. 
Dans son regard il y a un peu de moi, dans ses cheveux la blondeur de ma sœur. Mon corps ressemble au sien "couleur pruneau" comme elle aime à le dire. Sa peau est claire, son visage impassible, un visage de femme aimante, patiente. Réconfortante. Rassurante.
Sans elle aucun de nous ne serait ce qu'il est. Ni son mari, ni ses filles. Notre modèle, notre roc. Le lien qui nous unit tous…
Prête à tout pour Lui, pour nous. Avec amour. Avec tendresse.
Elle nous a fait à notre image, avec amour, avec douceur. Nous laissant toujours nous épanouir, nous tromper… prête à nous relever, à nous pardonner, à nous guider. 
La gardienne de nos vies. Complices de nos réussites, de nos bonheurs, de nos joies, de nos amours. Toujours fière de nous, avec nous, derrière nous. Finalement jamais loin. Une alliée. 
Elle semble si peureuse, si craintive et pourtant c'est elle le pilier de toute notre vie. Celle qui réunit, qui décore, qui cuisine, qui console, qui accueille… elle qui pleure quand on a mal, qui souffre quand on tombe, qui rit quand on sourit… 
Présente même dans l'absence. 
Si fragile, faible, effacée, en retrait et pourtant si forte. 
Jamais elle ne nous juge. Jamais elle ne s'énerve. Susceptible, parfois si calme, trop calme. Et pourtant si facile de la faire rire. De se faire pardonner. 
Si raffinée, si élégante. Toujours jolie. Aimante et amoureuse.

Ma meilleure ennemie parfois. Ma meilleure amie toujours. 
Ne nous laissant jamais nous perdre. Ouvrant ses bras et sa maison. 

Elle est mon ange. 

lundi 7 juillet 2008

Elle est jolie...


Elle est jolie, si jolie. 
De grands yeux bleus, un visage en ovale, pâle. Des cheveux courts à la garçonne, bruns. Elle n’est pas très grande, menue dirait-on. Elle est jolie. 
Petite déjà c’était la plus jolie. On trouvait sa sœur intelligente et vive, elle, elle était jolie. En grandissant, elle les entendait… « elle est jolie et ses yeux vous avez vus ses yeux… » et elle, elle se disait oui deux j’ai deux yeux… et elle souriait. 
Comme elle sourit toujours. Un large sourire, sincère, enivrant. Ou elle rit, de ce rire communicatif qui peut déclencher une salle entière. Ce rire puissant qui fait que les hommes se retournent et croisent ce regard bleu si doux… ce rire qui fait que les hommes se disent tout bas que si elle exprime son plaisir de la même façon se doit être… mais ils n’approchent pas… ils la contemplent, ils la regardent et parfois ils lui sourient mais se détournent… 
Elle est jolie. Elle est délicate, fragile, perdue, pensive. Alors ils ne l’approchent pas… ils se contentent de la faire rire… encore et toujours. Ils essayent de l’impressionner… alors elle les punit. Elle n’en laissera aucun la raccompagner chez elle. Elle rentrera seule, encore une fois. 
Elle est jolie. 
Ça leur fait peur. 
Ce n’est pas sa beauté qui les effraie. Non c’est ce qu’elle dégage… cette délicatesse, cette fragilité. Ces grands yeux bleus que l’on a peur de faire pleurer. Ils préfèrent les autres, les tout aussi jolies mais moins écorchées… plus solides. Celles qui boivent du vin blanc et qui veulent un homme. Celles avec qui c’est presque acquis. Celles qui veulent des enfants. Elle, c’est une des leurs comme elle dit. Elle joue les mecs pour voiler cette tristesse, pour se rendre moins jolie. Pour qu’ils ne la voient plus. 

Pour qu’ils la trouvent vive et intelligente. 

Elle est jolie. Si jolie. 

mardi 1 juillet 2008

La Dispute


L'appartement est situé en rez-de-chaussée sur une jolie cour. C'est un joli appartement avec un patio qu'elle a fleuri avec soin. C'est leur nid comme elle aime à le dire. C'est meublé avec soin, avec chaleur. Le mobilier est ancien et chaque chose semble avoir un passé. Chaque objet est à sa place. Il y a beaucoup de livres. Elle aime les livres. Elle les empile avec soin, comme une collection. Il n'y a ni hardiesse ni ostentation dans la décoration. Tout semble choisit avec soin, avec "amour"… L'air de rien tout est précis, ordonné, accueillant. Cet appartement lui ressemble. 

Tout est calme. Il fait bon. La chaleur est enfin retombée, un léger vent s'est levé. Enfin… Cette chaleur elle ne la supporte pas. Cela la met à fleur de peau. Cela la rend fragile, vulnérable. A bout de souffle. A bout d'envies…


C'est l'été. Il fait encore jour. C'est une journée de juin où les soirées sont longues et agréables. Elle se sent mieux. Elle respire enfin. Et pourtant l'atmosphère est pesante, encombrante, oppressante. Quelque chose va arriver ce soir, quelque chose va se jouer, elle ne sait pas quoi, elle ne devine pas. 

Elle l'attend. 

Elle. 
Elle est grande, mince élancée. Rousse. Encore jeune. Elégante. Amoureuse. Elle n'est pas vraiment belle. Il se dégage pourtant d'elle une douceur et une féminité qui attirent les hommes. Elle aime prendre soin d'elle pour elle, pour lui. Il est son tout, son homme, son amour, le seul. 

Elle l'attend. 

Lui. 
Il est beau, un peu plus vieux qu'elle. Son corps est celui d'un homme. Ses mains aussi. Elles sont faites pour l'amour. Ses yeux sont rassurants. Il est de ses hommes protecteurs qui aiment les femmes comme elle, fragiles, perdues. Il les sécurise. Ils les aiment, les écoutent. Dès le début elle a été attirée. Il le sait. Il en joue. Il a le pouvoir. 

Elle s'occupe. Elle prépare leur soirée. Il va rentrer, fatigué. Tout ça c'est pour lui. Pourtant elle semble accablée, lasse, mélancolique, vieille. 
Ses gestes sont lents, confus. Ses yeux sont humides. Elle se ressaisit. Et pourtant, elle sait, elle sent… quelque chose ne va pas. Elle suffoque. Son esprit vagabonde. C'est plus fort qu'elle. Elle goûte cette colère qui la gagne. Elle l'aime. 

Elle l'attend. 

Il franchit le seuil. Il est radieux, comblé. Ne se doute de rien. La retrouver chaque soir. Boire un verre, parler, se taire. Ils aiment leurs silences. Ils n'en ont pas peur. Ils s'aiment. Ils sont bien. Heureux. 
Il la rejoint. Elle est terriblement belle. Elle a pleuré. Ses yeux brillent. Il la regarde, s'approche, tente un geste, doucement. Il est tremblant, frileux. Il ne la reconnaît pas. Elle s'écarte. C'est la première fois depuis qu'ils se connaissent qu'elle fuit. La tension entre eux est insupportable. 

Lui : Bonsoir mon Amour… 

Elle replie ses genoux sous son menton, regarde ailleurs, allume une cigarette. Le silence s'installe. Il a peur. Que cherche-t-elle ? Il ne connaît pas ce regard. Elle ne l'a jamais repoussé. 
Elle sait qu'elle vient de lui faire mal. Elle en éprouve une forme de jubilation, de satisfaction. Elle esquisse un sourire. Elle a compris ce qui la gêne depuis la fin de la journée. L'ennui. Cet ennui, cette attente qu'elle ne supporte plus. Elle voudrait hurler, le provoquer. Etre en vie. Elle veut le provoquer. Elle veut des cris, de la colère. Alors elle soupire. Il est désarçonné. Elle l'aime encore plus. Il a ce regard enfantin. Il a peur. Elle se sent puissante. Elle se sent belle. Et pourtant elle avance à l'aveuglette. Ne sait absolument pas où elle va ni ce qu'elle espère de cette soirée. 

"Elle m'en veut voilà ce qu'elle a", se dit-il. Les cris, les effusions, lui, il déteste ça. Il a envie de fuir. Mais il est attiré par cette femme, sa femme. Il cherche son regard. Tente un baiser. Il se sent maladroit, brutal. Elle semble jouir de la situation. Elle est belle, terriblement excitante. 

Elle le repousse. 
"Quel idiot. Les hommes sont des imbéciles. Un baiser, une nuit d'amour ne répare pas tout". Réparer quoi ? Elle ne sait pas. Elle n'a aucun grief contre lui. C'est à elle qu'elle en veut. Son ennui elle le crée, l'encourage. Elle ne lutte pas contre. Sa lassitude n'a rien avec eux, avec lui. Elle le sait. Elle l'observe. Il se torture. Cherche ce qu'il a pu faire. Il veut réparer une faute qu'il n'a pas commise. Elle aimerait le rassurer, le prendre dans ses bras. Mais non… Elle ira au bout de tout ça. Elle veut de la vie dans son appartement si bien rangé. Elle veut de l'hystérie, de la passion. Elle veut le blesser, lui faire mal. 

"Je t'en prie… Dis moi ce qui ne va pas... Je … ". Il souffre de la voir si perdue, si hagarde. Elle est une autre, si différente, si ravissante, fascinante. Il se sent prêt à tout pour cette femme. Sa maîtresse, sa bien aimée. 

Elle sait qu'elle a gagné. Il est pataud, timide, hésitant. Fragile. 
Elle sait et elle savoure ce silence. Car c'est désormais inévitable. Elle ne peut plus revenir en arrière. Elle le regarde, ses yeux sont noirs de colère et de désir. 

Tout n'est plus qu'évidence. 
Ils vont avoir leur première dispute et elle le laissera gagner…