vendredi 29 août 2008

Lilly pleure


Cela fait maintenant deux jours que Lilly pleure.

Elle pleure égoïstement et fièrement… Fièrement oui car elle ne se cache pas. Elle pleure à chaudes larmes… et ne retient rien. Non Lilly pleure la tête haute dans une jolie robe et avec le sourire…
Égoïstement ? Oui un peu quand même… car finalement rien ne devrait la faire pleurer.
Oh bien sûr il y a cette maladie à l'intérieure d'elle qui sommeille et menace chaque jour de se réveiller mais pour le moment elle est endormie. Ne la réveillons pas…
Le reste. Ben le reste va bien. Elle est entourée… parfois même trop. Oui elle est aimée, choyée, protégée. Elle fait ce qu'elle aime mais surtout elle fait ce qu'elle a choisit de faire. Elle mène la vie qu'elle avait envie de mener.
Alors pourquoi toutes ces larmes ?
Parce qu'elle est seule et que cela lui fait mal pour la première fois de sa vie. Pour la première fois de sa vie elle reconnaît que cela lui pèse de se réveiller seule le matin… que cela lui pèse de ne pas pouvoir partager le quotidien avec quelqu'un… Pour la première fois elle reconnaît que sa vie parfaite n'est pas si parfaite que ça… elle fait ce qu'elle aime, elle est entourée de sa famille si précieuse, de ses potes et de ses amis les vrais ceux qui ont tout traversé avec elle le bon comme le mauvais… Oui elle s'avoue tout ça et elle pleure… Attention elle ne veut pas quelqu'un a tout prix et préfère être seule que mal accompagnée… mais ok elle renonce… se protéger à tout prix à quoi bon… cela n'évite pas de souffrir… Voilà Lilly réalise que ouvrir son cœur n'empêche pas de le briser.
Elle le sait Lilly elle en a fait les frais récemment… D'ailleurs n'est ce pas à cause de lui qu'elle pleure Lilly ? …
Ce type adorable et bien sous tout rapport qu'elle a rencontré début juillet. Le premier homme de sa vie après lequel elle court… Le premier depuis longtemps auprès duquel elle aurait aimé se réveiller le matin… un qu'elle voulait présenter aux autres… D'ailleurs elle l'avait même invité la semaine dernière à les rencontrer mais à cette invitation il n'a pas répondu…
Lui.
Quelqu'un avec qui elle a passé plus de temps d'affiler en une semaine qu'avec qu'aucun en deux ans… Lui qu'elle a essayé de faire fuir pour finalement le rattraper à coup de jolis mots pendant un mois… et qu'elle croyait revenu…
Lilly pleure parce qu'elle s'est laissée aller à croire des choses, à espérer… Elle a même pensé ne pas être assez bien pour lui…
Car ce type est un minable comme les autres, un lâche… qui préfère fuir plutôt que de tenter quelque chose. Un de ceux qui préfère lui reprocher les choses plutôt que de s'avouer qu'il pourrait éprouver quelque chose… Un de ceux qui préfère le silence aux explications, un de ceux qui lui envoie les torts à la tronche au lieu de reconnaître les leurs… Un de ceux qui font le grand jeu des envies à deux tant que Lilly ne veut pas et qui fuient dès que Lilly veut bien… Un de ceux que finalement elle connaît trop bien. Un de ceux qui s'échappent et se murent dans le silence… Un lâche…

Alors oui Lilly pleure sur elle même… sur cette faille qu'il a ouverte… Elle verse des larmes sur cette Lilly coureuse et naïve qu'elle lui a montré, lui faisant des confidences… allant même jusqu'à lui expliquer qu'un monstre grandissait dans son ventre et que peut être ce serait la seule chose qui grandirait jamais… mais il n'a pas écouté… il a joué le romantique, il a écrit les choses qui font frémir et il a disparu… sans un mot.

Et Lilly a fondu en larmes et a réalisé…

Elle a tort c'est lui qui n'est pas assez bien pour elle…

Alors elle pleure Lilly, elle pleure sur son ego retrouvé.


lundi 18 août 2008

Je t'aime tant



Je t'aime tant
Compter les heures, les minutes, les secondes
Remonter le temps
Me souvenir...
Te laisser le temps
Nous laisser le temps
Y croire ou ne plus y croire
De temps en temps
Avons nous le temps, ai-je le temps
Prends ton temps
Je t'attends


(Juillet 2007)

dimanche 10 août 2008

Le rendez-vous


Camille est arrivée en avance. Etre en avance c'est son truc à elle. Elle s'installe et souffle. Elle respire, elle évacue. Elle observe. Elle aime cette vie autour d'elle. Etre spectatrice, c'est ce qu'elle fait de mieux. Regarder les autres vivre… se regarder vivre.
Sauf que voilà. Tout va changer. Camille est décidée. Elle ne subira plus. Elle n'attendra plus, ne mettra plus sa vie entre parenthèse. C'est la fin d'une histoire. C'est le début de quelque chose de nouveau, d'inconnu. Alors elle est légère, heureuse.

Camille est arrivée en avance. Elle s'est préparée, elle s'est même maquillée. Bien sûr c'est léger, discret, comme elle, mais suffisamment pourtant pour changer le regard des hommes sur son passage. Elle s'en est sentie flattée, rassurée. Libre.
Elle ne fait rien, ne cherche pas à s'occuper. Elle regarde droit devant. Sa nouvelle assurance est sa nouvelle constance.
Elle a rendez-vous. Elle attend. Elle est en avance. Elle se régale.
Elle a toujours aimé les bistrots. Il y a de la vie. Une vie. Ces inconnus qui se croisent, se parlent, échangent, prêtent une oreille attentive ou distraite. Ses visages tristes, heureux, alcoolisés ou non… Tous les sentiments que l'on éprouve dans une vie sont là, réunis au même endroit. Attablés ou accoudés au bar. Joie tristesse, mélancolie, colère, lassitude, rancune, excitation, enthousiasme, vérités, mensonges, vantardise. Rencontres, ruptures. Elle observe, écoute discrètement, s'émerveille. Le parfait reflet de la vie, du quotidien. Si entouré, pourtant si seul.
Une vie en dehors d'elle, qu'elle observe comme un témoin passif, silencieux mais attentif. Attentive et distraite. Emerveillée par tout ce qui l'entoure.

- Vous désirez ?

Le barman l'a sorti de sa torpeur. Il a brisé la bulle. Sa bulle.
Son impatience la trouble. La dérange… La ramène à une réalité qu'elle désire pourtant fuir… Qui lui rappelle où elle est et pourquoi elle est là.

- Un café s'il vous plait.

Pourquoi n'ose-t-elle jamais ? Elle aimerait s'entendre dire. "Une vodka…!", là maintenant à l'heure du thé. Ce serait nouveau cette ivresse, délicieux, excitant, différent. Mais non. Chaque chose en son temps. Laissez les choses murir tranquillement.

Elle est en avance. Elle attend.
Elle l'attend.

Lui. Julien. Son amoureux. Son homme.
C'est elle qui lui a donné rendez-vous. Un simple mot.
"Rdv jeudi. Notre café. 18H00. Baisers". Pas de fioriture. Pas d'amour. Cela ne lui ressemble pas. Est-il inquiet ? Non, surement pas. Et pourtant, elle aimerait le savoir inquiet. Cela la réchaufferait, la tranquilliserait.

Elle fixe un point invisible au loin. Elle est de nouveau ailleurs. Elle se sent audacieuse, malicieuse. "Changer mon destin. Voilà de quoi il s'agit. Suivre une autre route. Se prendre par la main et avancer." Sans lui… Apprécier chaque moment, chaque minute, chaque seconde. S'abandonner. Apprendre à être en vie, à profiter de chaque instant. Même fugace.

Elle est en avance. Elle l'attend.
Il ne va plus tarder. Lui. Julien. Il va arriver. Lui. Ici. Ce bar où quelques mois plus tôt tout a commencé. Là où elle s'est laissée séduire. C'était il y 1 an. Un regard, un autre, un verre, un autre, des éclats de rire, des discussions, les confidences à quelqu'un que l'on ne connaissait pas une heure auparavant… des gestes… des mains qui se frôlent, puis le premier baiser. L'attente, le premier appel, le premier rendez vous. Le second. L'intimité qui se créée. La complicité qui s'installe. Il est fort, beau, rassurant, sécurisant. Elle est alors heureuse, l'admire. C'est l'insouciance des débuts. Le quotidien, si rassurant. Les habitudes. Les projets à deux, les vacances, les week-end… Le besoin de plaire à l'autre à tout pris. De le garder près de soi, ne pas le perdre, ne pas se perdre…
Puis le premier retard. Les appels en absence… La première absence. La première dispute. Les nuits blanches à attendre. L'acquis qui s'installe chez lui… Il ne la regarde plus, ne la séduit plus, et ne cherche même plus à la faire rire, à l'impressionner. Il ne redoute plus de la perdre. Elle est là, il le sait. Amoureuse. Elle a lutté, essayé… elle a changé de coiffure, de style. Elle s'est effacé peu à peu, s'est oublié sans même s'e rendre compte pour ne pas le perdre. Lui il a vu, il a compris et s'est détourné d'elle, doucement, mais pas complètement. Cherchant un nouveau défi tout en gardant la sécurité qu'elle lui apporte.
Elle a compris et renoncé. Elle a alors baissé les bras… Cherchant la force, le courage de partir. De se reconstruire sans lui…
Lui qui regarde ailleurs… d'autres yeux, d'autres épaules nues… D'autres confidences. Elle ferme les yeux… détourne le regard… Ne réagit plus. La lassitude, l'ennui qui s'installe… Lui ne part pas. Il est lâche. Il attend qu'elle prenne une décision, la décision.

Et ce rendez-vous. Imprévu. Spontané. Soudain.
Il est arrivé. Julien. Si beau. Si sur de lui. Il ne l'a pas vu. Il salue les uns les autres, échange 3 ou 4 banalités. Sourires, rires… Séduction. Baisers, accolades. Il fanfaronne, fier, libre. Elle l'observe avec tendresse. Il est le même. Celui qu'elle a aimé, qu'elle aime encore, au fond. Non, se ressaisir ! Ne pas céder… ne pas se laisser tenter. Il sait être si charmant, charmeur…Ses yeux parcourent la salle.
Il l'aperçoit enfin. Son visage se fige. Elle est belle, très belle.
Elle le regarde venir vers elle. Sa gorge se noue. Il semble retomber amoureux… Elle est différente. Séduisante.
Il est trop tard. Il ne le sait pas. Elle a rendez-vous avec lui car entre eux tout est fini…