mardi 23 septembre 2008

Monologue avec lui (Partie 1)


C’est un si joli jour de juillet…

La porte de referme. Le silence revient peu à peu, les pas dans le couloir s’éloignent avec lui…

Il part tôt depuis quelques temps. De plus en plus tôt. Sa fuite démarre dès le réveil. Il ne fait aucun bruit, il ne veut surtout pas la réveiller, elle le sait. Ne pas croiser son regard.

Tous les matins c’est le même rituel. Elle attend qu’il quitte l’appartement pour sortir doucement du sommeil, de la torpeur, se lever et affronter une nouvelle journée. Il fait si beau. Le week-end a été merveilleux. Aujourd’hui elle est heureuse. Elle va enfin le retrouver.
Dans la cuisine, le café est prêt. Chaud. Aucun petit mot sur sa tasse. Il ne le fait plus. Ce que l’on trouve romantique au début, nous paraît tellement inutile et désuet avec le temps, alors on arrête sans même sans rendre compte. Elle boit à petites gorgées. Elle savoure ce moment, il est à elle. Première cigarette, il n’est pas 8h00…

C’est un grand jour. Son jour. Elle ne travaille pas aujourd’hui. Tout est calme. De ces matinées où les appartements sont vides. Ce silence. C’est paisible. Il est tôt. C’est un de ces instants où le monde s’ouvre à vous. « Je vais m’occuper de moi, me faire belle, pour toi ». Depuis quelques temps elle lui parle quand il n’est pas là. Cela l’apaise de mettre des mots sur toutes les pensées qui assaillent son esprit… Moins de colère. Moins de rancœur.

Procéder dans l’ordre. D’abord ranger l’appartement. Le premier qu’ils aient choisi ensemble. Un vrai coup de cœur. Elle a travaillé à en faire un lieu chaud, convivial. Qu’il s’y sente bien. Qu’il ait envie de rentrer, de la retrouver le soir… Elle aime cet appartement, c’est le leur.
Puis mettre de l’ordre dans son esprit, dans ses pensées.
Il a tellement changé. Ne pas y songer. - Tout est si difficile, compliqué - a-t-il répondu l’autre soir alors qu’elle lui demandait timidement s’il l’aimait, encore, un peu... Ne pas crier, ne plus lui en vouloir. Etre là, c’est tout. L’un pour l’autre.
Elle connaît la vérité. Il l’aime moins. Un jour, il ne l’aimera plus…

Il a pourtant promis de ne jamais lui faire de peine : - Si à l’avenir je pouvais te blesser, comprends que c’est à mon corps défendant, que pour rien au monde je ne te ferai du mal -. Ils se connaissaient alors depuis quelques temps, quelques mois de bonheur. Elle est tombée amoureuse au premier instant, au premier regard. Il ne dit plus ces choses là. D’ailleurs il ne dit plus rien. Le quotidien l’ennuie. Il s’enferme dans le mutisme. Il est devenu terne, ennuyeux. Il ne sort plus, ne lit plus, ne rit plus, ne sourit plus. Il semble si distrait, comme absent.
Que peut-elle répondre ? On n’oppose rien au silence.

« J’ai hâte de te retrouver mon amour. »

Plusieurs soirées qu’elle passe seule. L’attente fait désormais partie de sa vie. Elle finit par aller se coucher le cœur serré. Simuler le sommeil quand il rentre, discrètement. La laisser dormir, éviter les discussions, les questions auxquelles il lui faudrait répondre par des mensonges… Se justifier, s’expliquer. Alors elle lui facilite la vie, elle fait semblant, elle ferme les yeux, le laisser s’allonger loin d’elle. Le silence se réinstalle, devient leur quotidien. Il ne lutte pas. Il ne la touche plus. Elle finit par s’assoupir… A peine quelques heures de repos agité… Depuis quelques temps, la colère et la tristesse la réveillent à l’aube.

Elle se sent si lasse. Pouvoir se reposer, se relâcher. S’étendre un instant. Fermer les yeux, ne plus penser. Surmonter ses peurs, ses angoisses. Dormir un moment. Enfin.
Ne plus être la victime de ses mensonges. Se ressaisir. Etre joyeuse, heureuse. Sourire. Retrouver cet état d’abandon des premiers instants. Le réconforter. Le rassurer. « Je suis là. Je ne te quitterai jamais. »
Elle tourne en rond. Aucune sérénité dans ses mouvements. Il lui faut réapprendre les gestes du quotidien. Refuser les habitudes. Elle ne se reconnaît pas dans cet épuisement, cette mélancolie. « Est-ce moi qui ai changé ? »
Il faut se battre. Contre quoi ? Contre qui ? … L’Autre… Quelqu’un est en trop dans leur histoire… « Ne t’en rends tu donc pas compte mon ange. » Elle sent sa présence et pourtant elle n’a jamais mis les pieds ici. Réussir à l’ignorer à tout prix. L’indifférence n’est elle pas sa meilleure arme ?

Faire le ménage. Aérer. Se concentrer. Ne plus laisser son cerveau vagabonder. Elle se sent tellement paresseuse, accablée. Son corps est lourd, immobile, paralysé.

« C’est une belle matinée. Ce sera une belle soirée. »

Ce silence, cette solitude. D’habitude cela ne l’effraye pas. Ne pas devenir une de ces femmes jalouses, mégères. Ne plus douter d’elle, de lui. Mettre de la musique. Danser, tourner, chanter. Evacuer la souffrance. Se sentir libre. Danser encore. Ondoyer en rythme. Virevolter. Etre Légère. Se laisser emporter par la musique.

Il reviendra. « Reviendras tu ? »

Plus d’amertume, plus de chagrin. Pas de drame. Ne plus s’abandonner à ses pensées. Redevenir désirable, pour lui. Le soleil envahit peu à peu l’appartement. Il fait chaud. Elle frissonne. « Nous sommes nous si mal aimés ? À quel moment nous sommes nous éloignés ? » Est-ce pour mieux se retrouver ou mieux se quitter ? Elle vacille. Elle est si fatiguée de toutes ces questions pour lesquelles elle n’a aucune réponse. Se faire confiance. Est-ce encore possible ? Y croire encore. Arrêter les remontrances. Se souvenir. Ils ont été heureux. Ils sont heureux. Peut-on jouer le bonheur ? Le mensonge fait-il partie de leur vie désormais ?
N’est il qu’un de ces hommes lâches, vil, frileux. Est il un imposteur ?
Elle l’aime. Lui il se laisse aimer.

Ce week-end au bord de l’océan ressemblait à leur bonheur enfui. « Ressemblait… » N’était-ce qu’un mirage, une illusion ? Un semblant de sérénité ? Un simulacre de bonheur ?
Elle était bien. Leur chambre, la plage, la chaleur. Elle regarde les fleurs qu’il a cueillies dans les dunes pour elle… Les laisser sécher, les laisser se faner.
Qu’était elle venue chercher ? Pourquoi avoir accepter de partir en week-end ? Qu’espérait elle retrouver ? Son homme, le goût de leur premier baiser. Peut-être.
A-t-elle reconnu cette félicité des premiers instants ? S’en persuader. Elle se sent légère, amoureuse. C’est bon. Il lui manque. L’a-t-il reconquise pour mieux l’abandonner. Revenir pour mieux repartir, pour mieux l’abandonner. Pour apaiser sa conscience ? 
A-t-il seulement ressenti sa détresse ? Compris sa tristesse ? L’a-t-il seulement regardé ? 
« Je deviens folle. »

Elle semble visualiser pour la première fois le fossé qui les sépare. « Mon bien aimé, sommes nous si mal ensemble ? Où est passée l’insouciance des gens amoureux à qui rien de mal ne peut arriver ? ». Ne pas paniquer. Ce matin en partant il a déposé ce baiser si doux. « A ce soir amour ». Pour la première fois depuis des semaines elle s’est sentie aimée de lui. Elle ne doute plus. Il sera là ce soir. Il fait si beau. Ne pas s’éparpiller. Ils prendront un verre dans le patio. Puis ils iront dîner. Ils parleront, ils s’aimeront, encore.

« Penser à acheter du vin. Et des fleurs. »


à suivre...


2 commentaires:

Elle a dit…

Je suis heureuse de lire un nouveau texte de toi, d'autant plus que je parlais de ton blog justement hier soir, et de la qualité de tes textes...
J'aime beaucoup celui-ci, il me fait penser à la chanson 'Comme d'habitude'...

Anonyme a dit…

au point de ne mm plus trouver les mots pour parler de la pluie et du beau temps ....

je découvre ton blog et tes textes !!